samedi 23 février 2008

Quatrième conte...

La neige qui tombe en Février,
La poule l’emporte avec le pied.



Pas question de clore ce mois de Février consacré à l’amour, sans raconter celles (ou du moins quelques unes car elles furent innombrables), du dieu qui le gouverne : Neptune…



Neptune

Neptune est un violent, il est imprévisible. Son calme est redoutable qui préside aux tempêtes.

Saturne, père indigne, dévorait ses enfants. Cybèle pour les sauver, faisait ce qu’elle pouvait : elle donna pour Neptune un poulain nouveau-né et cacha le bébé dans un coin d’écurie ; il fallait l’éloigner.
On choisit pour nourrices les étranges Telchines, chiennes pour la tête et poissons pour les mains. L’enfant apprit chez elle à déclencher la pluie, à provoquer la grêle et quand il en eut l’âge, Helia la plus belle, lui montra c’est utile, comme on fait les enfants.
Neptune ayant grandi, s’en fut vers son destin, armé d’un beau trident, cadeau de ses nourrices.

Les enfants de Saturne, l’oracle l’avait dit, ont détrôné leur père. Ils prirent son empire et se le partagèrent. Neptune eut pour sa part les mers et les rivières, les océans, les sources, tout ce qui bouge et vit dans le monde liquide. Jupiter son cadet, avait pris le pouvoir ; il gouvernait le monde, il régnait sur les dieux…. C’était insupportable ! Neptune l’ombrageux se mit à conspirer.
L’Olympe révolté ligota Jupiter. Briarée aux cent bras, averti par Thétis, libéra le captif qui pour avoir la paix, exila en Phrygie Neptune et Apollon.

Pour fortifier sa ville, le roi Laomédon voulait une muraille. Contre un prix raisonnable, les deux conspirateurs offrirent leurs services. Les remparts achevés, le roi nia sa dette, arguant que Jupiter pour punir les rebelles, les avait fait esclaves à son service à lui, le souverain de Troie. Furieux le dieu de seaux lança sur la cité quelques monstres marins, la peste et des tempêtes. Bien plus tard, quand les Grecs firent la guerre aux Troyens, il fut de leur côté.

Il fallait une terre à l’ombrageux Neptune qui trouvait trop humide la partie du monde qu’il avait obtenue. Une ville était vacante ; Minerve la voulait, il la voulut aussi. Les dieux trouvèrent sage de la donner à qui ferait au genre humain le don le plus utile. Neptune, sûr de lui, d’un seul coup de trident fit jaillir un cheval ; mais Minerve la sage, fit pousser l’olivier.
Grand débat sur l’Olympe : les dieux sont pour Neptune, les déesses pour Minerve. Il y en avait une de plus que de dieux : Minerve remporta la ville qu’on nomme Athènes.
Neptune fou de rage, frappe de son trident, remue tout l’océan, des vagues gigantesques submergent la cité. On dut pour l’apaiser ôter le droit de vote aux femmes du pays ; les hommes qui portaient le même nom que leur mère durent y renoncer.

Il revendique alors Trézène sur laquelle Minerve avait des vues ; le tribunal des dieux attribue à chacun la moitié de la ville ; personne n’est content !
Alors, à Jupiter, il demande Egine, et puis à Dionysos la ville de Naxos ; il se bat contre Hélios pour obtenir Corinthe. Les dieux doivent trancher : l’Acropole à Neptune et l’isthme pour Hélios. Furieux, il veut reprendre à Junon l’Argolide. Ebranleur de ces terres qu’il ne possède pas, Neptune se bagarre, provoque des tempêtes, envoie partout ses monstres. Hommes et immortels redoutent ses colères, se plaignent à Jupiter. Sommé de comparaître au tribunal des dieux, il les prétend partiaux et ne se montre pas.
Jupiter désespère de calmer le furieux. Il fait appel aux fleuves Inachos, Céphise et aussi Astérion. Les trois fleuves prudents, avant de décider, interdisent à Neptune quel que soit le verdict, d’inonder la région. Neptune fait serment ; les fleuves se prononcent en faveur de Junon. S’estimant bafoué, le dieu veut sa revanche : il assèche les fleuves !
Plus une goutte d’eau dans toute l’Argolide.

Le nymphe Amymoné, qui avait besoin d’eau, observait un grand cerf. Le superbe animal entre dans la forêt ; Amymoné le suit, pensant trouver la source où le dix-cors s’abreuve. Attentive à la trace, elle ne remarque pas un satyre endormi à l’ombre des buissons. La nymphe le bouscule. Réveillé en sursaut, le satyre voit la belle, la poursuit ; elle se sauve. Bien vite il la rattrape, tente de la violer. Affolée, aux abois, la nymphe à son secours appelle tous les dieux et Neptune l’entend. Le dieu sans hésiter, à grands coups de trident chasse le chévrepied, mais l’autre, agile, esquive et se sauve en courant. Amymoné respire ; mais il est plus facile d’éviter un satyre que le bouillant Neptune. Tenant à sa vertu la belle se dérobe. Pour gagner ses faveurs, tous les moyens sont bons, y compris rendre l’eau au pays desséché. En manquant le satyre, le trident s’est planté dans une énorme roche. Neptune le retire et des trois trous jaillissent trois sources bondissantes : les trois sources de Lerne aux eaux intarissables, même au fort de l’été.

L’amour ne faisait pas oublier à Neptune ses revendications. Il voulait une terre.
On avait oublié un continent lointain, situé au-delà du monde que bornait les colonnes d’Hercule. Un des dieux s’en souvint ; lequel importe peu…
Un continent entier… Loin, très loin de l’Olympe… Il pourrait bien là-bas, faire trembler la terre, déchaîner les tempêtes ou engendrer des monstres : le monde Hellène allait connaître un peu de calme !
Un seul couple vivait sur cette terre immense : deux mortels et leur fille. Cette fille était belle et Neptune l’aima. Clito était son nom. Il construisit pour elle en haut d’une colline un merveilleux palais d’ivoire et d’orichalque et lui fit des enfants : cinq couples de jumeaux, cinq garçons et cinq filles. Le plus âgé de tous fut dénommé Atlas.
Pour ses enfants Neptune fit un état modèle, régit par des lois justes ; un pays digne enfin, d’hommes issus d’un dieu.

Ni Clito ni la Nymphe Amymoné la douce n’étaient filles des eaux ; il fallait à Neptune une épouse aquatique. Parmi les Néréides, il remarqua Thétis. Mais le fils qu’elle aurait surpasserait son père : l’oracle l’avait dit. Elle ne pouvait donc épouser qu’un mortel. L’Ebranleur de la Terre vit danser sur les eaux la gracieuse Amphitrite.
Amphitrite était vierge et avait fait serment de le rester toujours. Mais que peut une nymphe face aux ardeurs d’un dieu ! L’Ebranleur de la Terre ébranla sa vertu. Pour mieux garder sa foi, elle court se réfugier très loin dans les montagnes. Mais les dieux peuvent tout, y compris envoyer un dauphin dans l’alpage. C’est ce que fit Neptune. Le dauphin éloquent, persuada la belle de devenir l’épouse du frère de Jupiter. Neptune reconnaissant envoya le dauphin au milieu des étoiles : on peut toujours l’y voir.
On célébra les noces au milieu de tonnerre des vagues et des éclairs et depuis lors chacune de leur union provoque ouragan ou tempête.
Au fond de l’Océan, il bâtit un palais de nacre et de corail, perles et coquillages, aux vastes écuries. Là, blancs comme l’écume, ses coursiers aux crins d’or et aux sabots d’airain attendent de tirer le char du dieu des mers quand il va sur les flots entouré de sa cour : le Vieillard de la mer, Nérée et ses Naïades ; Protée le facétieux qui garde ses troupeaus de phoques et d’otaries ; Eole et les Sirènes, le monstrueux Charybde et l’horrible Scylla ; Glaucos, dieu des pêcheurs qui lui ressemble tant, ses enfants les Tritons et combien d’autres monstres…

Les deux époux s’aimaient d’une passion profonde, mais Neptune était beau et grand et imposant ; ses cheveux couleur d’algue rejoignaient une barbe ondulée comme la mer. Il n’avait aucun mal à attirer les belles et elles ne manquaient pas. Il n’était pas pour rien le frère de Jupiter ; il avait comme lui des amours innombrables et n’hésitait jamais à changer d’apparence s’il en était besoin, avec des résultats pour le moins étonnants.
Un beau jour, il s’éprend follement, car Neptune ne fait rien à demi, d’une princesse Thrace nommée Théophané. C’était une beauté courtisée par les princes des états voisins. La voulant pour lui seul, le dieu des eaux l’enlève et sitôt la transporte dans l’île mystérieuse qui a nom Crumissa. Les habitants de l’île, voyant Théophané, la trouvent à leur goût et lui font des avances. Voilà Neptune jaloux : il la change en brebis. Les îliens alors deviennent des moutons. Il ne lui restait plus qu’à se faire bélier et il n’y manqua pas. Satisfait de son œuvre, il s’unit à la belle et lui fait un enfant : le célèbre bélier volant dont la toison est de l’or le plus pur.

Neptune se croyait l’inventeur du cheval ; il avait oublié le poulain que Saturne, croyant manger son fils, avait ingurgité. Il se pensait aussi créateur de la bride, mais Minerve avant lui avait eu cette idée. Les courses et la vitesse, en revanche, c’était lui !
Quand Cérès éplorée cherchait partout sa fille, Neptune fou d’amour la suivait pas à pas. Ayant d’autres soucis, la déesse gênée se changea en jument. Puis ele galopa jusque dans l’Arcadie où elle se cacha dans le troupeau d’Oncos, un des fils d’Apollon. Pas fou et obstiné, Neptune en étalon se change, la rejoint et sans lui demander son opinion, la viole. La fureur de Cérès fut telle que le fruit de cette union forcée fut un cheval sauvage, le farouche Actéon.

Sur ces amours sans nombre, la sagace Amphitrite savait fermer les yeux, mais il lui arrivait parfois de se venger : ainsi quand son époux, de la belle Scylla fit un jour son amante, elle chercha l’étang où se baignait la nymphe ; elle y jeta des herbes magiques, empoisonnées. Scylla se retrouva de douze pattes et de six têtes hurlantes redoutées des marins.
Les enfants de Neptune sont bien souvent des monstres : Harpyes épouvantables au visage de femme ; elles ont des oreilles d’ours, des ailes de chauve-souris et des corps de vautour ; aux pieds, aux mains des griffes elles sont sles et infectent tous les ^tres qu’elle touchent. On se souvient aussi du cyclope Polyphème, du géant Chrysaor ou du cheval Pégase… et bien d’autres encore…
Les Atlantes en revanche, étaient de beaux enfants dont Neptune était fier. Mais au fil des années, leurs descendants perdirent de leur nature divine. Ils devinrent trop humains et Neptune déçu, à grands coups de trident détruisit son empire. Atlantide et Atlantes sombrèrent dans les flots.

Pourtant il a gardé non loin de l’Equateur son palais sous-marin. C’est là qu’il apparaît, sur le pont des bateaux, imposant et barbu, une couronne d’algue sur ses cheveux d’écume. Armé de son trident, il préside aux épreuves imposées aux marins qui pour la première fois doivent passer « La Ligne ».



Pomme Papion

Le samedi, cela vous dit un joli conte ?!

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